
Le goût du désir
Il y a dans la bouche un pouvoir que le corps entier envie. C’est elle qui goûte, qui tremble, qui salive. C’est elle qui décide si l’on garde ou si l’on crache, si l’on mord ou si l’on suce, si l’on attend ou si l’on dévore.
Le goût, c’est le premier baiser d’un plat, comme d’une peau. Une langue glissée sur le bord d’une assiette, ou sur la cambrure d’une épaule — même combat. Tu veux d’abord savoir si c’est bon. Si ça vaut le feu. Si tu peux t’y perdre.
Certains mets ne se mangent qu’avec la langue. Comme certaines envies. On les explore lentement, on les retourne, on les fait durer. Il ne s’agit pas de manger, mais de savourer. D’oublier les couverts, de revenir à l’instinct, aux papilles, au palais. À la bête.
La langue est une passeuse. Elle fait passer les mots et les gémissements, les sauces et les promesses. Elle reconnaît les textures comme elle reconnaît les peaux. Elle se souvient d’un goût longtemps après l’avoir quitté.
Et parfois, dans un lit ou dans une cuisine, le désir ne vient pas du corps, mais d’un goût laissé en bouche, comme une brûlure douce, comme une envie qui revient.


2 commentaires
Xineph
À lire vos mots, on a soudain le palais qui se souvient, la langue qui frissonne, et le désir qui coule jusque dans les souvenirs. Comme une brûlure tendre, ce goût qui reste, ce baiser de mots posé sur le bout de nos envies.
Au Coeur De Mes Nuits
Merci pour vos mots si justes.