Et après ? Créer encore (Art thérapie partie 7)
Cet article clôt la série consacrée à un thème essentiel : le rôle de l’art dans le processus de guérison.
Durant six semaines, nous avons exploré ensemble comment l’art peut devenir langage, atelier, souffle, compagnon du quotidien. Aujourd’hui, une question se pose : après avoir découvert ce chemin, que reste-t-il ? Que faire de cette ouverture ?
Toute démarche de guérison laisse derrière elle une trace. Un livre lu, une parole entendue, un geste répété deviennent des balises que l’on emporte. L’art, lui, n’appartient pas seulement au temps de la séance ou du texte. Il continue d’irriguer les jours ordinaires, comme un fil qui relie les instants et permet de traverser ce qui vient.
L’art comme chemin sans fin
L’art-thérapie ne se limite pas à un protocole de séances. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de l’existence.
Julie Morin rappelle l’importance de cette continuité : « L’OMS reconnaît l’impact positif de l’art sur le bien-être global et le reconnaît comme partenaire précieux dans le chemin vers l’équilibre et la santé globale. En France elle trouve peu à peu sa légitimité dans les institutions de santé et les accompagnements thérapeutiques mais ne revêt pas encore cette forme de nécessité absolue. J’espère que nous serons assez ouverts pour comprendre comme nos voisins les Canadiens qu’il s’agit d’un soin à part entière accessible à tous et pour tous. ».
Ces mots dessinent un avenir où l’art ne sera plus considéré comme un supplément d’âme, mais comme un soin à part entière. À l’échelle collective comme à l’échelle intime, il peut devenir un appui indispensable. Non pas un luxe réservé à quelques-uns, mais une ressource ouverte à chacun, quel que soit son parcours.
Une phrase qui résume (presque) tout
Si l’on devait condenser ce voyage en quelques mots, ce serait cette phrase de Julie : « L’art est le langage de l’âme, et quand l’âme s’exprime, le corps guérit. ».
Cette phrase concentre tout : la puissance d’un geste qui libère, la vérité d’une parole silencieuse, la beauté d’une âme qui se dit enfin. Elle rappelle que la guérison n’est pas une mécanique froide, mais un processus vivant, incarné, où chaque trace laissée sur une page ou une toile peut apaiser les blessures du corps et du cœur.
Ce que cette série a révélé
Tout au long de ces articles, nous avons vu :
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que l’art ouvre des espaces là où les mots s’arrêtent ;
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qu’il n’a pas besoin du “beau” pour être libérateur ;
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qu’il peut redonner souffle dans les moments d’étouffement ;
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qu’il s’intègre au quotidien, dans des gestes simples, accessibles à tous.
Ces étapes forment comme une cartographie de l’âme en mouvement. Elles montrent que la guérison n’est pas un miracle soudain, mais une suite de petites ouvertures, de micro-libérations, d’instants de lucidité. Elles rappellent aussi que chacun peut, à sa manière, devenir le créateur de son propre chemin.
L’après n’est pas une fin, mais un commencement. Après une séance, après un texte écrit, après une toile peinte, vient toujours ce moment : que faire maintenant ? La réponse est simple : créer encore.
Non pas pour produire, mais pour continuer à respirer. Non pas pour “faire beau”, mais pour rester fidèle à soi.
Créer encore, c’est choisir de ne pas refermer la parenthèse. C’est décider que la guérison n’est pas ponctuelle mais continue, et que chaque jour peut devenir un atelier de soi.
Avec ce septième article, s’achève ce parcours autour de l’art et de la guérison. Mais en réalité, il ne s’agit pas d’une clôture : plutôt d’une ouverture. Que chacun puisse trouver dans ces mots, ces témoignages, ces images, une invitation à explorer ses propres chemins créatifs. Car il n’y a pas de méthode unique, seulement des portes à pousser.
Cette série n’avait pas pour but d’apporter des réponses définitives, mais d’ouvrir des possibles. Elle voulait montrer que l’art, loin d’être accessoire, peut être une ancre, une respiration, une passerelle.
Remerciements
Je tiens à adresser un immense merci à Julie Morin, art-thérapeute certifiée, qui a accepté de partager son expérience, ses mots, sa pratique. Son regard éclairant et son engagement passionné ont donné toute sa profondeur à cette série. Vous pouvez la retrouver et suivre son travail sur Instagram : @artcotherapy
Sans son témoignage, ce voyage n’aurait pas eu la même richesse. Elle a permis d’allier la rigueur d’une pratique à la force d’un vécu, et d’incarner ce que les mots seuls ne suffisent pas toujours à dire.
Et vous, qu’allez-vous créer, après ? Un mot griffonné, une couleur déposée, une mélodie fredonnée… Peu importe. Ce qui compte, c’est d’oser. Car si cette série devait se résumer en une seule idée, ce serait celle-ci : l’art n’est pas seulement un soin. Il est une manière de rester vivant. Alors, après ? Il ne reste qu’à continuer. À créer encore.
