
La braise et la phrase
Quelque chose s’est déclenché. Je ne saurais dire quand exactement. Ce n’est même pas une histoire de jours. Plutôt de battements. De regards entre les lignes. D’un frisson dans les mots. Je me suis mis à parler avec quelqu’un. Une personne inconnue, venue d’ailleurs mais pas si loin. Juste assez pour venir effleurer ce qui, en moi, était prêt à reprendre feu.
Elle écrit. Moi aussi. Nous avons échangé. Un peu. Puis longtemps. Puis sans voir le temps passer. Et je ne sais pas ce que c’est. Je ne cherche pas à nommer. Je laisse faire. Je laisse venir. Mais ce que je sais, c’est que depuis cette rencontre imprévue, quelque chose m’agite. Quelque chose de doux et de brûlant à la fois.
Depuis elle, tout s’accélère. Les idées surgissent sans prévenir. Des envies de textes, de récits, de fragments. Je veux parler de désir, de corps, de frissons, de souffle coupé, de l’attente, du trouble, du trouble encore. Je veux explorer, inventer, recommencer. Et surtout : écrire.
J’avais déjà un roman en cours. J’étais en train d’en peaufiner les derniers chapitres, les respirations finales. Mais voilà que, sans crier gare, un second roman m’appelle. Une autre voix, une autre pulsation. Je pensais devoir attendre, faire de la place, me poser. Mais non. Tout s’impose, s’impatiente. L’envie me déborde. L’écriture me déborde.
Et ce n’est pas tout.
Depuis cette connexion, je vois des liens partout : entre la cuisine et la sensualité, entre les mots et les bouches, entre les silences et les soupirs.
Je veux écrire sur le goût, le toucher, les sons du plaisir. Je veux mêler l’érotique au poétique, le concret au rêvé, le brut au subtil.
Et je sens, pour la première fois depuis longtemps, que je peux aller plus loin. Plus librement. Plus audacieusement.
Ce n’est pas seulement de l’inspiration.
C’est un appel. Un vertige. Une force.
Elle ne m’a rien promis. Je ne lui ai rien demandé. Mais sa façon d’être là, d’échanger, de s’ouvrir, a rallumé quelque chose en moi que je croyais en sommeil. Comme si une main invisible s’était posée sur mon épaule pour me dire : « Vas-y. C’est le moment. Ose. Crée. »
Alors je le dis ici, comme on dépose quelque chose d’intime : merci.
À la vie, aux hasards, aux clins d’œil de l’univers.
Merci à celle qui, en quelques messages, a soufflé sur les braises.
Et fait jaillir le feu.

