Respirer ensemble
Le jour entrait par les vitres, chaud et tranquille. Sur le tapis, deux corps face à face, immobiles, reliés par un silence qu’aucun mot ne pouvait traverser. La lumière du soleil glissait sur la peau, la lampe à sel dessinait des reflets orangés, comme une flamme qui aurait choisi la paix plutôt que le feu.
Chacun écoutait le souffle de l’autre comme on écoute une vérité ancienne. Une main posée sur le cœur, ou sur le ventre de l’autre, pour mieux sentir le mouvement intérieur, la lente marée du souffle partagé. Les respirations se cherchaient, se perdaient, se retrouvaient.
Puis vint le contact : la main de l’un posée sur celle de l’autre. Rien à dire. Tout à sentir. Le monde se réduisait à deux rythmes qui s’accordaient. Le cœur battait moins pour lui-même que pour l’autre. Les paupières closes, l’air circulait en cadence, comme si le temps avait accepté de suspendre sa course.
Quand les yeux se rouvrirent, le geste vint naturellement, sans calcul, sans pudeur. Un élan tendre, un câlin cœur contre cœur. Deux battements superposés, un seul instant vrai.
Puis la séparation douce : les bras qui se délient, les souffles qui reprennent leur chemin propre. Un regard. Un merci silencieux. Deux âmes qui savent désormais comment se reconnaître, même dans l’air immobile.
